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Pédagogie Explicite - Vidéos
Écrit par Françoise Appy   
Samedi, 09 Février 2013 00:00

John Hattie préconise l'enseignement explicite

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Dans cette vidéo, John Hattie [1] explique brièvement mais de manière non polémique que l’enseignement explicite est de loin le plus efficace pour des apprentissages réussis. Voici les éléments de son discours. Il part d’une image qu’a tout enseignant en entrant dans sa classe. L’enseignant explicite doit se considérer comme l’agent de changement chez l’élève. Alors que l’autre type d’enseignant se verra plutôt comme le facilitateur par découverte. Les données probantes sont unanimes pour dire qu’il y a une différence énorme entre les deux au niveau de résultats.

John Hattie explique qu’il n’a aucun problème à l’égard du constructivisme comme modèle d’apprentissage, mais ne peut le considérer comme un modèle d’enseignement. Ces deux paradigmes sont depuis longtemps confondus et ce malgré le manque de données pouvant les assimiler. Il souligne une fois de plus que les données probantes révèlent que si l’on veut que les élèves construisent, découvrent  facilement, alors la manière explicite s’impose, celle qui fera de l’enseignant un agent de changement. Mais pour enseigner, rajoute-t-il, il faut savoir aussi se tenir en retrait et écouter.

Ensuite, il s’attarde sur l’exemple précis de l’enseignement de la lecture et rappelle que les élèves en difficulté n’apprennent pas à lire en lisant ; ils apprennent quand on leur enseigne les stratégies et habiletés utiles pour la lecture. Lors de ses visites dans les écoles, il se dit choqué de voir parfois des élèves non lecteurs en situation de faire un travail de recherche en bibliothèque. Comment pourront-ils apprendre si de plus, la lecture est une chose désagréable pour eux ? La lecture a vraiment besoin d’un enseignement explicite.

Il évoque enfin l’un de ses récents travaux portant sur l’étude de l’effet de Saint Mathieu [2] en enseignement. Il explique que les lecteurs précoces progressent et que les autres stagnent.

Il se dit très favorable aux programmes de la seconde chance, même si lors d’études menées en Caroline du Nord, il a constaté certaines limites : la deuxième année, bien souvent, les enseignants n’enseignaient plus les habiletés spécifiques de la lecture. Au lieu de cela, ils aidaient les  élèves non lecteurs à faire le travail requis, sans passer par la lecture. Bien sûr, cela perpétue le problème. La lecture nécessite la maîtrise d’habiletés particulières telles que phonologie, conscience phonémique, rythme. L’apprentissage de l’écoute est très important dans l’enseignement de la lecture : écouter attentivement un son et le mettre en rapport avec ce qui est écrit. Cela est une habileté très spécifique.

Enfin, il conclut en ajoutant qu’enseigner est aussi une action spécifique. Et que l’enseignant qui entre en classe persuadé qu’il est un agent de changement a plus de chance de réussir que celui qui se voit comme le “guide à côté” (expression anglaise résumant la position de l’enseignant en mode constructiviste : guide by the side).

Cette brève présentation met le doigt sur ce qui a été une erreur du mouvement constructiviste : assimiler le paradigme de l’apprentissage à celui de l’enseignement. En effet, même si l’idée a une apparence de logique, rien n’a jamais prouvé que la manière d’enseigner doive se calquer sur celle d’apprendre. Ce n’était qu’une hypothèse de départ. Elle aurait être vérifiée avant d’aller plus loin. Mais cela n’a pas empêché les partisans du constructivisme de construire toute une pédagogie autour de cette idée. À la lumière de la recherche récente, il n’est pas surprenant que les résultats n’aient pas suivi. Des chercheurs comme Kirschner, Sweller, Clark ont clairement établi, comme le souligne John Hattie tout au long de ce clip, qu’un apprentissage réussi passe par un enseignement explicite et structuré, en adéquation avec l’architecture et le fonctionnement cognitifs.

 


[1] John Hattie est professeur à l’Université d'Auckland (Nouvelle-Zélande), spécialiste de la mesure et de l’évaluation. Il a publié en 2009 une méga-analyse sur la réussite scolaire, portant sur les résultats de plus de 800 méta-analyses qui, au total, regroupent quelque 52 000 recherches concernant des millions d’élèves de plusieurs pays sur une période de 15 ans.

[2] Selon le verset biblique « Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance ; mais à celui qui n'a pas, on enlèvera même ce qu'il a. » Mathieu 13, 12