Qu'adviendrait-il si en médecine on avait les mêmes débats qu'en pédagogie ? (Diane Ravitch) Imprimer Envoyer
Le débat - Antagonismes
Écrit par Françoise Appy   
Mardi, 01 Avril 2008 00:00

Diane Ravitch

Qu'adviendrait-il si en médecine on avait les mêmes débats qu'en pédagogie ?

Petit texte humoristique de Diane Ravitch, tiré de Why Education Experts Resist Effective Practices de Douglas Carnine

Traduction : Françoise Appy

 

Diane Ravitch a été United States Assistant Secretary of Education ce qui équivaut à une fonction d’assistante au service se trouvant à la tête du Département de l’Education. Elle est aussi enseignante au New York University's Steinhardt School of Education (école de formation des enseignants, rattachée à l’université de New-York). Elle fait partie du contre-pouvoir pédagogique qui, aux États-Unis à l’heure actuelle, commence à se faire entendre. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages critiques.

Le petit texte qui suit est très drôle et nous fait apparaître le manque de professionnalisme du métier d’enseignant ainsi que des “chercheurs” qui s’en revendiquent. Hospitalisée pour une embolie pulmonaire, Diane Ravitch observe les médecins qui la soignent alors qu’elle est en soins intensifs. Pendant un instant elle imagine ce que serait sa situation si, au lieu d’être traitée par des experts en médecine, elle l’était par des experts en éducation. Transposée au monde éducatif, voici ce que cela donne.

 

« Mes nouveaux spécialistes ont commencé par se disputer pour savoir si effectivement il y avait quelque chose qui clochait chez moi. Quelques-uns pensaient que j’avais un problème, mais d’autres ricanaient en disant qu’une telle analyse revenait à blâmer la victime…
Parmi la foule des experts, il n’y avait aucune harmonie, aucune base d’entente pour diagnostiquer mon problème. Ils ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur ce qui n’allait pas chez moi, peut-être car ils n’étaient même pas d’accord entre eux sur les standards de la bonne santé. Certains disaient qu’il était mal de stigmatiser les personnes ayant le souffle court et les jambes douloureuses ; peut-être que c’était un défi pour moi que de respirer correctement et de marcher, mais qui pouvait dire que mon état était inapproprié ou inférieur à celui de la plupart des autres personnes ?
Quelques chercheurs continuèrent tout de même à insister en disant que quelque chose n’allait pas ; l’un d’entre eux ressortit même les résultats de mon scanner et de mon échographie. Les autres ridiculisèrent ces tests, arguant qu’ils ne révélaient qu’un instantané de ma condition actuelle et étaient ainsi peu fiables ; une étude longitudinale (qui bien sûr n’existait pas) aurait été bien plus intéressante...
Les autorités rassemblées ne pouvaient donc pas s’entendre sur ce qui devait être fait pour améliorer mon état. Chacun avait son remède préféré, et chacun sortait une collection d’études pour se justifier. Un groupe suggérait un alitement de longue durée, un autre disait que je devais faire de l’exercice… Les uns proposaient un remède X mais les autres préféraient un remède non-X. D’autres encore affirmaient que c’était à moi de décider comment je devais guérir, en m’appuyant sur ce qui était important pour moi.
Alors que je pensais avoir tout entendu et son contraire, un groupe de jeunes docteurs en éducation me dirent que mon corps se réparerait de lui-même par ses propres mécanismes naturels, et que donc je n’avais besoin d’aucun traitement du tout. »

 
 
Une réalisation LSG Conseil.