Dossier : Visible Learning Imprimer Envoyer
Pédagogie Explicite - Dossiers
Écrit par Form@PEx   
Lundi, 24 Février 2014 09:56

Dossier

Visible Learning

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Source : iteractive

 

 

 


 

 

 

John Hattie préconise l'enseignement explicite

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Dans cette vidéo, John Hattie [1] explique brièvement mais de manière non polémique que l’enseignement explicite est de loin le plus efficace pour des apprentissages réussis. Voici les éléments de son discours. Il part d’une image qu’a tout enseignant en entrant dans sa classe. L’enseignant explicite doit se considérer comme l’agent de changement chez l’élève. Alors que l’autre type d’enseignant se verra plutôt comme le facilitateur par découverte. Les données probantes sont unanimes pour dire qu’il y a une différence énorme entre les deux au niveau de résultats.

John Hattie explique qu’il n’a aucun problème à l’égard du constructivisme comme modèle d’apprentissage, mais ne peut le considérer comme un modèle d’enseignement. Ces deux paradigmes sont depuis longtemps confondus et ce malgré le manque de données pouvant les assimiler. Il souligne une fois de plus que les données probantes révèlent que si l’on veut que les élèves construisent, découvrent facilement, alors la manière explicite s’impose, celle qui fera de l’enseignant un agent de changement. Mais pour enseigner, rajoute-t-il, il faut savoir aussi se tenir en retrait et écouter.

Ensuite, il s’attarde sur l’exemple précis de l’enseignement de la lecture et rappelle que les élèves en difficulté n’apprennent pas à lire en lisant ; ils apprennent quand on leur enseigne les stratégies et habiletés utiles pour la lecture. Lors de ses visites dans les écoles, il se dit choqué de voir parfois des élèves non lecteurs en situation de faire un travail de recherche en bibliothèque. Comment pourront-ils apprendre si de plus, la lecture est une chose désagréable pour eux ? La lecture a vraiment besoin d’un enseignement explicite.

Il évoque enfin l’un de ses récents travaux portant sur l’étude de l’effet de Saint Mathieu [2] en enseignement. Il explique que les lecteurs précoces progressent et que les autres stagnent.

Il se dit très favorable aux programmes de la seconde chance, même si lors d’études menées en Caroline du Nord, il a constaté certaines limites : la deuxième année, bien souvent, les enseignants n’enseignaient plus les habiletés spécifiques de la lecture. Au lieu de cela, ils aidaient les élèves non lecteurs à faire le travail requis, sans passer par la lecture. Bien sûr, cela perpétue le problème. La lecture nécessite la maîtrise d’habiletés particulières telles que phonologie, conscience phonémique, rythme. L’apprentissage de l’écoute est très important dans l’enseignement de la lecture : écouter attentivement un son et le mettre en rapport avec ce qui est écrit. Cela est une habileté très spécifique.

Enfin, il conclut en ajoutant qu’enseigner est aussi une action spécifique. Et que l’enseignant qui entre en classe persuadé qu’il est un agent de changement a plus de chance de réussir que celui qui se voit comme le “guide à côté” (expression anglaise résumant la position de l’enseignant en mode constructiviste : guide by the side).

Cette brève présentation met le doigt sur ce qui a été une erreur du mouvement constructiviste : assimiler le paradigme de l’apprentissage à celui de l’enseignement. En effet, même si l’idée a une apparence de logique, rien n’a jamais prouvé que la manière d’enseigner doive se calquer sur celle d’apprendre. Ce n’était qu’une hypothèse de départ. Elle aurait être vérifiée avant d’aller plus loin. Mais cela n’a pas empêché les partisans du constructivisme de construire toute une pédagogie autour de cette idée. À la lumière de la recherche récente, il n’est pas surprenant que les résultats n’aient pas suivi. Des chercheurs comme Kirschner, Sweller, Clark ont clairement établi, comme le souligne John Hattie tout au long de ce clip, qu’un apprentissage réussi passe par un enseignement explicite et structuré, en adéquation avec l’architecture et le fonctionnement cognitifs.

 


[1] John Hattie est professeur à l’Université d'Auckland (Nouvelle-Zélande), spécialiste de la mesure et de l’évaluation. Il a publié en 2009 une méga-analyse sur la réussite scolaire, portant sur les résultats de plus de 800 méta-analyses qui, au total, regroupent quelque 52 000 recherches concernant des millions d’élèves de plusieurs pays sur une période de 15 ans.

[2] Selon le verset biblique « Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance ; mais à celui qui n'a pas, on enlèvera même ce qu'il a. » Mathieu 13, 12

 

 

 


 

 

John Hattie

L'apprentissage visible pour les enseignants
Connaître son impact pour maximiser le rendement des élèves

Préface de Monique Brodeur et Claude St-Cyr
Presses de l’Université du Québec, Collection Éducation – Intervention, 396 p
2017

 


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L'ouvrage remarquable de John Hattie, Visible Learning for Teachers, synthétise les résultats de plus de 15 années de recherche sur les apprentissages visibles et signifiants dans les écoles. Basés sur une méga-analyse de plus de 900 méta-analyses réalisées auprès de millions d'élèves de niveaux socioéconomiques variés et issus de nombreux pays sur les continents d'Amérique du Nord, d'Europe, d'Océanie et d'Asie, ces résultats constituent la plus imposante recension d'études empiriques dans le domaine de l'éducation.

L'apprentissage visible pour les enseignants permet aux enseignants en formation ou en exercice d'appliquer les principes énoncés dans Visible Learning à n'importe quelle classe, n'importe où dans le monde. L'auteur résume de façon claire et conviviale les interventions les plus efficaces et guide le lecteur vers une intégration fructueuse des principes de l'apprentissage visible.

Le livre valorise tant le point de vue de l'enseignant que celui de l'élève, et propose un accompagnement par étapes comprenant la préparation des leçons, l'interprétation de l'apprentissage, la rétroaction durant les cours ainsi que le suivi après les leçons. Il contient des listes de vérification, des exercices, des études de cas et des scénarios de pratiques exemplaires visant à améliorer le rendement des élèves. Il couvre plusieurs aspects de l'apprentissage, dont la motivation des élèves, les programmes d'études, les stratégies métacognitives, les comportements, les stratégies d'enseignement et la gestion de classe.

L'apprentissage visible pour les enseignants est essentiel pour tout praticien qui souhaite obtenir une réponse fondée sur des données probantes à la question « Comment faire pour maximiser le rendement de tous les élèves de mon école ? ».

 

JOHN HATTIE est professeur et directeur du Melbourne Education Research Institute de l'Université de Melbourne, en Australie. Il est aussi professeur honoraire à l'Université d'Auckland, en Nouvelle-Zélande. John Hattie est l'auteur de Visible Learning et coauteur de l'ouvrage Intelligence and Intelligence Testing.

 

 

 


 

 

 

Connaître l’impact :
l’enseignement, l’apprentissage et le leadership

Entrevue avec John Hattie

En conversation, volume IV- numéro 2
printemps 2013

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Ontario

 

Dans ce numéro d’En conversation, nous vous présentons une entrevue qui incite à la réflexion avec John Hattie, professeur et chercheur de renommée internationale, dont le livre influent Visible Learning: A Synthesis of Over 800 Meta-Analyses Relating to Achievement a été un jalon important dans la recherche en éducation.

Dans cette entrevue, on en apprend plus sur l’apprentissage visible, ou explicite, sur ce qu’il est et sur ce qu’il n’est pas. On découvre aussi la passion de M. Hattie pour l’apprentissage, qui transparaît clairement dans ses réponses au fur et à mesure qu’il énonce ses croyances et ses valeurs sur l’état d’esprit qui est à la base de l’apprentissage explicite.

Les travaux de M. Hattie représentent la plus grande analyse fondée sur des preuves jamais entreprise portant sur les mesures qui permettent d’améliorer l’apprentissage dans les écoles. Ses travaux ont suscité beaucoup de discussions parmi les éducateurs-trices, notamment sur les nombreuses hypothèses conventionnelles que sa recherche remet en question.

Les conclusions de M. Hattie montrent que la rétroaction est l’un des facteurs les plus importants d’un apprentissage réussi, suivi par les attentes de l’élève et la relation de confiance que l’enseignant-e crée avec ses élèves. Comme on pouvait s’y attendre, l’interaction positive entre l’enseignant-e et l’élève est de loin le plus important élément d’un enseignement efficace.

En parlant de la rétroaction, M. Hattie fait quelques observations importantes sur le rôle de l’erreur dans l’apprentissage. Il explique que c’est dans les situations d’erreur ou de ne pas savoir que la rétroaction et l’apprentissage sont les plus frappants, et non lorsque l’élève connaît et comprend déjà la matière. Ainsi, les enseignants-es et les leaders doivent accepter l’erreur et les confusions pour encourager l’apprentissage dans leurs classes et leurs écoles. Les élèves, comme les adultes, apprennent et évoluent plus facilement lorsqu’ils peuvent obtenir une rétroaction sur ce qu’ils ne comprennent pas – sans la crainte de provoquer de réactions négatives de leurs pairs, de leurs enseignants-es, de leurs parents ou des leaders de leur école.

Durant l’entrevue, M. Hattie invite les éducateurs-trices, et cela vaut pour lui aussi, d’écouter plus et de parler moins. Selon lui, en tant qu’enseignants-es et leaders, nous avons tendance à croire que nous possédons les connaissances et que c’est à nous de les transmettre. ais c’est seulement lorsque nous cessons de parler, lorsque nous faisons participer les élèves et lorsque nous les écoutons activement que l’apprentissage profond peut se produire.

Comme le dit M. Hattie, notre travail est d’aider les enseignants-es et les leaders à voir l’apprentissage du point de vue des enfants, et ce qui est extraordinaire, c’est que lorsqu’ils le font, les enseignants-es changent.

Je vous invite à réfléchir profondément à ces idées, tout comme je l’ai fait moi-même, et à découvrir comment vous pouvez les appliquer dans vos propres pratiques de leadership.

Le sous-ministre de l’Éducation de l’Ontario,
George Zegarac

 

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Livres : Visible Learning

John Hattie a fait une synthèse de plus de 50 000 études portant sur plus de 80 millions d'élèves. Lors de la sortie de Visible Learning, le magazine Times Educational Supplement a parlé du « Saint-Graal de l'enseignement » car ce livre donne en effet une réponse à la question « Qu'est-ce qui fonctionne le mieux pour assurer la réussite scolaire ? ».

 

Livre

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Visible Learning
A Synthesis of over 800 Meta-analyses Relating to Achievement

John Hattie

Routledge, 392 p
11.2008

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Livre

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Visible Learning for Teachers
Maximizing Impact on Learning

John Hattie

Routledge, 280 p
12.2011

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Livre

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Visible Learning and the Science of How We Learn

John Hattie et Gregory Yates

Routledge, 368 p
09.2013

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Visible Learning into Action

John Hattie, Debra Masters et Kate Birch

Routledge, 256 p
10.2015

 

Internet Site Visible Learning

 

 

 


 

 

Introduction to the Visible Learning research

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Source : Blog de Normand Baillargeon

Normand Baillargeon

Visible Learning

 

 

Si vous œuvrez en éducation, je voudrais cette fois vous faire ce que je pense être un vrai cadeau en vous présentant ce que certains appellent le Saint-Graal de l’éducation.

Mais laissez-moi d’abord vous expliquer de quoi il retourne.

 

Sur les débats en éducation

Tout le monde le sait : on ne cesse de débattre en éducation. Nos débats sont essentiellement de deux types : des débats conceptuels, d’une part, qui portent sur la définition, sur le sens, de certains mots ; d’autre part, des débats empiriques qui portent sur ce que l’expérience nous enseigne, typiquement de l’efficacité de telle ou telle pratique, approche ou méthode. Le plus souvent, les deux types de débats sont simultanément présents.

Si quelqu’un soutient qu’un enseignement donné endoctrine, avant tout examen des faits, nous devrons pour répondre avoir un débat du premier type, puisqu’il sera raisonnable de nous demander ce qu’on doit entendre par endoctriner. Pour cela, il nous faudra clarifier ce concept : c’est le travail du philosophe et il se fait de tête, si je puis dire.

Mais imaginez cette fois quelqu’un qui affirme que les enfants apprennent mieux à lire si on leur enseigne par une méthode appelée globale (on part directement des mots que les enfants apprennent à reconnaître) que par une méthode appelée phonétique (dans laquelle on part des lettres, qu’on apprend à combiner en sons, puis en mots). On voudra sans doute expliciter ce que signifient ici “apprendre à lire” et “mieux” : mais il ne suffira pas de clarifier ce qu’on veut dire par tel ou tel mot pour trancher ce débat et, pour cela, il nous faudra bien finir par aller constater ce que l’expérience nous apprend.

Hélas, c’est le plus souvent très compliqué à faire, notamment parce que l’expérimentation est notoirement difficile en éducation, pour toutes sortes de raisons bien connues.

 

Méta-analyses et méga-analyse

Il existe cependant des recherches crédibles et méthodologiquement correctes — par exemple comparant les deux méthodes d’apprentissage de la lecture que j’ai présentées. Mais, hélas encore une fois, elles en parviennent pas toutes aux mêmes conclusions, ne sont pas méthodologiquement aussi fiables les unes que les autres, ne portent pas sur le même nombre de sujets, n’ont pas toujours la même rigueur et ainsi de suite.

Ne serait-il pas merveilleux de pouvoir synthétiser les résultats de ces recherches crédibles, de pouvoir les pondérer et les ramener à une mesure, grâce à quoi on pourrait dire, le cas échéant, vers quelle conclusion toutes les bonnes études menées convergent ?

Il se trouve qu’il existe un tel moyen, compliqué (cela demande de faire de savantes analyses statistiques) mais sûr, de le faire. Cette merveilleuse technique s’appelle la méta-analyse et elle est depuis longtemps utilisée en médecine et dans les sciences en général. Grâce à elle, s’agissant par exemple d’un médicament, on parvient à un chiffre qui exprime ce qu’on appellera l’ampleur de l’effet du médicament en question, tel que permettent de le déterminer toutes les recherches synthétisées dans la méta-analyse.

En éducation aussi, depuis longtemps, on réalise de telles méta-analyses, sur tous les sujets pouvant jouer un rôle dans la réussite scolaire, depuis les devoirs à la maison jusqu’aux méthodes d’enseignement, en passant par tout ce que vous pouvez imaginer.

Supposons à présent que l’on prenne toutes ces méta-analyses qui ont été réalisées en éducation et qu’on en fasse la synthèse. Supposons, en somme, qu’on fasse la méta-analyse des méta-analyses réalisées en éducation — les mots manquent ici, devant l’ampleur de la tâche, et on a suggéré de parler en ce cas de méga-analyse.

Eh bien, cela a été fait et même publié, en 2009, par John Hattie et son équipe !

Les auteurs ont en fait synthétisé (tenez-vous bien…) plus de 800 méta-analyses, synthétisant elles-mêmes quelque 50 000 études, ayant porté sur plus de 200 millions de sujets. Lorsque ce travail est paru, certains commentateurs l’ont décrit comme le Saint-Graal de l’éducation, ce qui n’est sans doute pas une trop grande hyperbole.

Pensez à peu près à n’importe quel facteur pouvant jouer un rôle dans le succès ou l’insuccès scolaire. Si vous désirez savoir ce que la recherche crédible dit à ce sujet, il y a de fortes chances que vous trouverez la réponse chez Hattie.

Prenez la question des mérites comparés des deux méthodes d’apprentissage de la lecture évoquées plus haut : la réponse s’y trouve — avec de très nombreuses autres réponses.

 

Le cadran de Hattie

Avant d’en rappeler quelques-unes, je dois dire y a dans la présentation des résultats de ce travail deux choses très importantes et originales et qui doivent être connues. La première est théorique ; la deuxième, qui s’ensuit, est graphique.

Le but de ce travail, on l’a vu, est de parvenir à une mesure, appelée l’ampleur de l’effet. On pourra imaginer le situer entre -1 et 1.

Il se trouve cependant qu’en éducation, du seul fait de proposer un enseignement et du seul fait de la maturité des sujets, tout ce qu’on fait, ou presque, a un effet positif. Il serait donc trompeur de présenter l’ampleur de l’effet comme je viens de le suggérer : on veut savoir ce qui marche plus et mieux, et pas seulement ce qui marche de toute façon, du seul fait que c’est pratiqué sur des sujets qui maturent.

Ce qui marche de la sorte, ce qui marche de toute façon, a une ampleur d’effet que la méga-analyse permet de situer à 0.4, sur une échelle qui va de -0.2 à 1.2. La zone recherchée de nos interventions en éducation sera donc au-delà de ce 0.4, autrement dit devra avoir un effet d’une ampleur supérieure à ce que n’importe quelle méthode, ou presque, produit.

Voilà pour la précision théorique.

La précision graphique est que pour présenter ses résultats, Hattie a imaginé un cadran dont l’aiguille nous rend immédiatement visible l’ampleur de l’effet de la variable considérée.

Voici ce cadran :

On voit bien, ici, la marque du 0.4. ; en-deçà du point zéro, on retrouve ces rares pratiques qui ont des effets négatifs. Au-delà du 0.4 se situe la zone des effets désirés.

 

Quelques résultats

Je vous devine curieux. Qu’apprend-t-on en lisant Hattie ? Amusons-nous un peu.

Que disent selon vous les recherches et les méta-analyses telles que synthétisées dans la méga-analyse de Hattie à propos des deux méthodes d’apprentissage de la lecture évoquées plus haut ? Que disent-elles de l’apprentissage coopératif ? Des devoirs ? De l’apprentissage par problèmes ? De l’instruction directe et centrée sur l’enseignant ? Du micro-enseignement ? Eh bien, voici. (On consultera bien entendu l’ouvrage de Hattie pour les nécessaires précisions sur ce que signifient exactement tous ces termes)

Méthode globale : 0.06 (ouache!)
Méthode phonétique : 0.58 (très bon!)
Apprentissage coopératif : 0.41 (la note de passage, tout juste…)
Apprentissage par problèmes : 0.15 (ouache…)
Instruction directe : 0.59 (très bon)
Micro-enseignement : 0.88 (wow!)

Hattie suggère en outre que ce que les recherches qu’il a synthétisées montrent, c’est que si l’on distingue des méthodes d’enseignement dans lesquelles le professeur est un “activateur”, et donc centrées sur lui et ses actions, et celles où le professeur est un “facilitateur”, et donc centrées sur les élèves et leurs activités (comme celles que préconisent des approches par la découverte), « le contraste entre leurs effets moyens est saisissant : 0.60 et 0.17 ».

Pourquoi a-t-on malgré tout fondé notre réforme sur les secondes ? Bonne et difficile question. Voici en tout cas ce que son expérience a appris à John Hattie à ce sujet : « Chaque année, je donne avec des cours à des futurs maîtres et je découvre alors qu’ils ont déjà été endoctrinés par le mantra : “Constructivisme, bien ; instruction directe, mauvais”. Lorsque je leur montre les résultats des méta-analyses, ils sont abasourdis et souvent en colère. »

À mon avis, toute personne œuvrant en éducation a le devoir de connaître les travaux de Hattie et celui de les prendre sérieusement en compte.

 

Une lecture : HATTIE, John, Visible learning: a synthesis of over 800 meta-analyses relating to achievement, (Routledge, London, 2009). Voir sur Form@PEx.

 

 

 


 

 

John Hattie

Visible Learning

Traduction : Françoise APPY

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Le titre de l’ouvrage, Visible Learning, résume bien la problématique : comment rendre l’enseignement visible aux élèves et comment rendre l’apprentissage visible aux enseignants ? Pour John Hattie, la tâche essentielle de l’enseignant est de juger son propre impact sur les apprentissages, bien avant toute question sur le choix des méthodes ou des contenus. C'est pour cela que les enseignants doivent être formés à évaluer leur propre impact. C’est ce qu’il s’est engagé à faire dans le cadre de ses recherches.

L’enseignant efficace est selon lui, un « agent de change », un « activateur » : il va provoquer un changement chez l’élève. Il s’agit de l’enseignant explicite. Il l’oppose à l’enseignant constructiviste qu’il appelle « facilitateur de découverte ». Il ne rejette pas le constructivisme mais fait la différence entre paradigme de l’apprentissage et paradigme de l’enseignement. Les preuves sont nombreuses montrant que les élèves, pour être capables de construire leurs savoirs et de découvrir, doivent être enseignés de manière explicite. Il cite l’exemple de la lecture : un élève en difficulté n’apprendra pas à lire en lisant mais il apprendra si on lui enseigne les habiletés et stratégies de lecture.

 

 

 


 

 

Françoise APPY

L’apprentissage visible :

une synthèse de plus de 800 méta-analyses relatives à la réussite

16.02.2010

 

Livre
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Ce livre est l’aboutissement d’un travail d’une quinzaine d’années. Dans la préface, l’auteur relate un événement qui, malgré son côté dramatique illustre bien l’esprit de ce travail. Il s’agit de l’histoire du petit Elliott, atteint de leucémie à l’âge de 5 ans et avec lui du travail très professionnel de l’équipe médicale qui l’a accompagné : tests, analyses, thérapies, tests analyses, évaluations, ajustement de la thérapie,  information de la famille etc. Il s’agit d’une approche scientifique, pragmatique comme celle d’une équipe médicale, dans laquelle seule compte la réalité de la réussite (la guérison dans l’exemple cité).

Afin de couper court aux critiques que ce genre d’études peut occasionner, John Hattie, en quelques lignes, résume ce qu’est ce livre et ce qu’il n’est pas :

  • Ce n’est pas un livre relatant la vie en classe. C’est par contre une synthèse des effets observés dans les classes. Il s’attache plus aux effets principaux qu’aux interactions. Vous n’y trouverez donc pas de détails concernant la vie dans les classes, bien que l’auteur en ait visité beaucoup dans divers pays du monde.
  • Ce livre ne parle pas de ce sur quoi l’école n’a pas de prise comme par exemple la pauvreté, la santé, la nutrition, les conditions sociales. Non parce qu’il déconsidère ces aspects-là. Simplement, ils ne font pas partie de l’étude.
  • Ce livre ne contient pas d’études qualitatives. Seules sont concernées les études statistiques. Là non plus, il ne faut pas en déduire que l’aspect qualitatif n’est pas important.
  • Ce n’est pas un livre qui critique la recherche. Cela a été fait par ailleurs.

Il s’agissait donc de faire une synthèse de méta-analyses : 50 000 études et des millions d’élèves concernés. Néanmoins, le but n’est pas de noyer le lecteur sous un flot de données, mais de délivrer un message, de raconter une histoire qui s’appuie sur des données mesurées et mesurables.

Ce qui en ressort est un message positif. Le propos n’est pas de critiquer les enseignants et de constater à quel point ils sont mauvais. Il s’agit simplement de mettre en évidence le besoin d’un outil pour mesurer ce qui marche le mieux dans l’enseignement, outil capable de guider vers l’excellence. L’excellence, contrairement à l’idée reçue est atteignable, sous diverses formes. Et nous devons être capables de mieux l’évaluer quand elle se produit.

John Hattie résume en quelques mots ce travail gigantesque : an explanatory story, not a « what works » recipe (une explication argumentée, non une liste de recettes de ce qui marche)

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Visible Learning: a synthesis of over 800 meta-analyses relating to achievement
John Hattie
Routledge, 2008

 

 

 


 

 

 

Les facteurs de la réussite scolaire selon John Hattie

diaporama

 

 

 

 

 


 

 

Source : RIRE

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Stéphane Côté

Traduction de la conférence du TEDx de John Hattie

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Voir la vidéo originale.

 
 
Une réalisation LSG Conseil.